éditorial

Les archives de Dieulefit à travers la pandémie

Les archives de Dieulefit à travers la pandémie
Publié le 16 février 2021
Vie locale
À l’heure où le secteur culturel hiberne, la campagne dieulefitoise renoue avec sa mémoire collective

Dans une époque où le patrimoine architectural est endormi, s’intéresser à la culture devient primordial. Justement, le déplacement des archives communales de Dieulefit a récemment été entrepris.


Après avoir siégé plusieurs années dans les sous-sols de l’hôtel de ville, les 300 mètres linéaires d’archives vont enfin déménager vers un nouveau local. Elles vont être entreposées dans le bâtiment de l’ancien collège, qui côtoiera la médiathèque municipale. Cela permettra l’émergence d’un pôle culturel, directement accessible aux collégiens étudiant à proximité.
Ce déplacement est essentiellement dû à la vétusté et à l’humidité présente au sein des caves. Ces conditions déplorables menacent dangereusement la viabilité des documents archivés, ainsi que leurs consultations par le public. De plus, l’exiguïté du local ne permet pas d’entreposer l’intégralité des archives, et encore moins, d’acquérir d’autres ressources.
En raison de la crise sanitaire, le déménagement, initialement prévu en novembre 2020, a été repoussé en septembre 2021.



La préservation patrimoniale : un enjeu local de taille

Depuis la Révolution française, lorsqu’une mandature s’achève, le maire sortant remet un registre de transmission des archives à son successeur. Le nouveau maire doit alors, en premier lieu, certifier la réception de ces dernières. C’est ainsi qu’a été préservé notre patrimoine toutes ces années.
L’archiviste référente, Magali Chazaud, nous a emmené dans les profondeurs historiques de Dieulefit. Entre le crépitement des pages séculaires et le sifflement des canalisations, des rayons remplis de cartons trônent silencieusement.



« Les archives, c’est pas seulement le papier. C’est également tout ce qui est produit ou reçu par un organisme public. Cela inclut le papier, mais aussi tout ce qui peut être vidéo, audio, archive native numérique électronique, c’est-à-dire les mails. Et évidemment, tout ce qui est enquête orale. Tout ce qui peut potentiellement laisser une trace. […] Le but c’est de les communiquer, de les transmettre, […] que les gens s’en emparent et qu’ils créent quelque chose. Tout le monde a accès aux archives. C’est un bien commun. Mon rôle est de transmettre des documents, aussi bien anciens que récents, à la postérité. Je me vois parfois comme une gardienne de la mémoire. Je fais en sorte qu’on puisse conserver les documents. Je fais en sorte qu’on puisse avoir des index, des inventaires, pour qu‘on sache ce qu’il y a. Et que tout le monde puisse y avoir accès et s’en servir [...]
Et mon rôle, c’est de faire en sorte que dans 100 ans, on puisse encore les consulter ces archives.»



« Et ce qu’on a besoin de cinéma ou de théâtre pour se cultiver ? »

Ancien ferronnier du village depuis 3 générations, Pierre Martin s’interroge sur la nécessité d’effectuer des activités organisées pour pouvoir s’enrichir culturellement. Très investi dans la vie locale de son village, il est attaché à son patrimoine.

« Les archives sont la mémoire, les racines, et ce qui permet de voir l’avenir. […] Cette pandémie nous a révélé une chose : c’est notre besoin de culture. »

Avec une perte de 31 % de son chiffre d’affaire (selon un rapport de l’Ernst & Young), le secteur culturel européen s’est éteint. Les Dieulefitois qui avaient l’habitude d’aller au cinéma, au théâtre, au musée, ont pris conscience de la nécessité de ce patrimoine.
En créant un espace spécifiquement aménagé, la municipalité de Dieulefit choisi de mettre en avant sa culture. La mémoire et l’Histoire de la commune pourront être ainsi partagées au plus grand nombre.

Selon l’historien dieulefitois d’adoption, Bernard Delpal, « l’histoire ne s’écrit pas sans accès aux archives. […] Le patrimoine fait parti du sentiment d’appartenance. »

À travers la création de ce nouvel espace de consultation, il espère que Dieulefit retrouvera enfin son rôle de chef-lieu de canton d’antan, aussi bien culturellement qu’au niveau patrimonial.



Océane Boisseleau
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